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LE VOL SANS BATTEMENT

brave homme semblait très émotionné par le caractère officiel des personnes auxquelles il rendait visite, et très sincèrement heureux et touché qu’on voulût bien s’intéresser à son œuvre.

Mme Louis Mouillard avait accompagné son mari dans ce voyage en France. Tous deux passèrent l’été chez la sœur aînée de l’inventeur, Mme Teillart, dans sa propriété de l’île Barbe, à cinq kilomètres du centre de Lyon.

Mme Teillart avait deux filles : Marie et Jeanne ; et un fils, Henri. À peu près à cette époque, l’aînée, Marie Teillart, épousa M. Louis Camoin, qui possédait avec son frère Edmond, de grands magasins de nouveautés situés au Caire, au Mousky, dans le quartier de Cronfich.

La situation de Mouillard rentré au Caire, après maintes dépenses occasionnées par ses voyages et la publication de l’Empire de l’Air n’était pas brillante, les leçons de dessin ne suffisant pas à donner l’aisance. Par commisération plutôt que pour les services qu’il pouvait rendre, M. Edmond Camoin le prit comme gérant de ses magasins. Mouillard était alors ce qu’il fut toute sa vie, un homme absolument sûr, dévoué, fidèle, mais qui avait en tête toute autre chose que le commerce de la nouveauté. M. Edmond Camoin le raillait doucement lorsqu’il parlait de ses recherches, ou lorsqu’il rentrait d’une course au Mokattam où il était allé faire des lancements d’appareils. « Vous vous casserez la tête si vous continuez », disait-il. Mouillard souriait doucement, ne répondait rien, et reprenait la suite de son rêve. Il resta là deux ans, remplissant vers la fin l’emploi de caissier dans la maison de commerce