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L’ŒUVRE IGNORÉE DE L.-P. MOUILLARD

Leurs relations se limitent encore à la réception d’une lettre flatteuse, et à quelques remarques, qui, étant trop mathématiques, ne furent pas comprises. Quel démon pousse alors Mouillard, sans défense et sans malice, à livrer ainsi à autrui l’essence même de sa plus haute découverte ?

Cette libéralité ne doit pas nous surprendre. Le gauchissement découvert par Mouillard n’est pas un dispositif mécanique. Il est à la fois les milles dispositifs que l’homme pourra réaliser, au cours des âges, pour reproduire une manœuvre à laquelle se livre l’oiseau. ? Mouillard a su lire la leçon que l’oiseau transcrit dans ses évolutions parmi l’espace.

Il ne faut donc pas s’étonner que dans cette longue lettre à Chanute, où il a soin de ne parler qu’avec précautions, à mots couverts, de maintes autres inventions « dont on pourrait tirer bénéfice » telles que hélice rationnelle, torpilles, classeur de mines, soupape de ballons, etc…, il n’hésite pas à exposer très. nettement le principe de la direction horizontale enfin découvert. Mouillard a pensé : la leçon donnée par la nature doit profiter également à l’humanité tout entière, et il résume ce désir dans cette noble expression : « à commencer par l’aviation que je donne à tous ».


Les techniciens de l’aviation qui estimaient, jusqu’à la parution du présent ouvrage, que le gauchissement était une idée tout à fait moderne, ne seront pas moins surpris de trouver dans le v.ol sans battement, en outre de la théorie de ce procédé de direction stable, celle de la direction automatique par la liaison du gauchissement et du gouvernail.

Il leur suffira pour cela de lire le chapitre qui a pour titre Gouvernail vertical.