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Ébranchage. — Les désavantages de brûler les branches surpassent quelquefois les avantages ; pour cette raison, il est souvent nécessaire d’adopter un autre mode de destruction de ces branches, par exemple, dans les Adirondacks, le brûlage des branches est considéré impraticable, en partie à cause des dépenses, et en partie à cause des grands dangers qu’il y a de brûler la surface du sol et par là d’occasionner la perte des jeunes arbres. D’autres considérations sylvicoles entrent aussi en ligne de compte et elles seront discutées plus loin.

Toute la théorie de l’ébranchage consiste en ce que les débris sont mis en contact plus intime avec le sol ; de cette manière, ils absorberont plus facilement l’humidité, sécheront moins en été et se décomposeront plus rapidement que s’ils se trouvaient élevés au-dessus du sol. Si le travail est bien fait, les branchées traitées de cette manière cesseront d’être un danger d’incendie en peu d’années, et se décomposeront en un tiers ou une moitié de moins de temps que si elles se trouvaient élevées au-dessus du sol comme celles qui restent dans les houppes. Après l’ébranchage en question empiler ou éparpiller les branches est conseillé, à moins que ce travail ne coûte trop cher.

Autant qu’on le sache, l’ébranchage des houppes comme mesure protectrice contre l’incendie, soit en Europe, soit en Amérique, a été recommandé pour la première fois par le Docteur B. E. Fernow, en 1890. Il fit cette recommandation dans son rapport à V Adirondack League Club qui venait d’acheter quatre-vingt treize mille acres de forêt vierge dans le montagne des Adirondacks, état de New-York. Cette étendue de forêt avait été achetée à condition que toutes les épinettes de plus de 12 pouces de diamètre seraient réservées sans restriction. Quant à la méthode de l’abatage, l’exposé qui suit, extrait du rapport du Docteur Fernow,[1] offre quelque intérêt à ce sujet :

« Les dangers et les dommages provenant de l’incendie sont augmentés chaque fois que l’on exploite une forêt, principalement si on laisse sur le sol les houppes et les branches qui se dessèchent rapidement et augmentent ainsi l’intensité de l’incendie. Il aurait fallu tenir compte de la destruction appropriée de ces branchages dans les contrées d’exploitation forestière. Par suite de l’absence pareille condition, le Club devrait détruire ces branchages à ses propres dépens.

« On a demandé de brûler les branchages qui restaient. Cette méthode est dispendieuse, et je suis d’avis qu’elle est inutile, au moins d forêts d’épinettes, sous les conditions qui nous occupent. Le danger provient de ce que les houppes, étant soutenues par les branches au-dessus de sol, se dessèchent, restent en cet état et forment ainsi un appât pour l’incendie. En ébranchant les houp-

  1. Rapport du Chef de la Division Forestière pendant L’année 1890, page 221, Département de l’Agriculture des États-Unis.