Page:Leblanc — Contes du soleil et de la pluie, parus dans L’Auto, 1902-1907.djvu/427

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Le 24 juin, à 5 heures, la première voiture s’avança sur la ligne du départ. Le numéro 1 c’était Théroult.

Théroult avait succombé à la tentation. Que risquait-il ? Il ne partait, selon son contrat, que l’argent en poche. Il s’agissait donc tout simplement de faire une petite promenade de six cents kilomètres, à belle allure certes, mais prudemment, en ralentissant aux virages et aux endroits dangereux, en tenant constamment sa droite et en ayant soin de ne passer que les voitures arrêtées.

Il partit très vite d’abord, soucieux de l’impression qu’il laissait derrière lui. Mais, après le tournant, il se modéra.

— Une ballade à la papa, dit-il à son mécanicien, lequel était de connivence avec lui.

— Bien entendu, on ne va pas se rompre les os, puisque la galette est versée.

Un coup de trompe, du bruit, une automobile qui passe…

— Ça, c’est Lanza. Ce qu’il doit être content de nous régler !

— Bah ! il y a deux ans, c’était nous. Aujourd’hui c’est lui.

Encore un appel de trompe, du vacarme, et une automobile.

— Ça, c’est l’Allemand. Nom d’un chien, ce qu’il file !

— Si vite qu’il file, il n’y aurait qu’à vouloir pour lui brûler la politesse.

— Bien sûr.

Deux rivaux encore les dépassèrent, le représentant des Rex et celui des Fenlair. Et Théroult murmurait :

— Toi, mon petit, tu fais le malin. Mais il me suffirait de pousser un peu, un tout petit peu, et tu n’existerais pas.

— Bien sûr, approuvait le mécanicien,

Cor