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“813”

— C’est vrai, c’est vrai, dit-elle, toute remuée… moi, je jouais à côté…

— Et c’est là, dit-il, que j’ai vu votre mère plusieurs fois… Tout de suite, en vous voyant, j’ai retrouvé son image… plus gaie, plus heureuse.

— Ma pauvre mère, en effet, n’était pas heureuse. Mon père était mort le jour même de ma naissance, et rien n’avait pu la consoler. Elle pleurait beaucoup. J’ai gardé de cette époque un petit mouchoir avec lequel j’essuyais ses larmes.

— Un petit mouchoir à dessins roses.

— Quoi ! fit-elle, saisie d’étonnement, vous savez…

— J’étais là, un jour, quand vous la consoliez… Et vous la consoliez si gentiment que la scène est restée précise dans ma mémoire.

Elle le regarda profondément, et murmura, presque en elle-même :

— Oui, oui… il me semble bien… l’expression de vos yeux et puis le son de votre voix…

Elle baissa les paupières un instant, et se recueillit comme si elle cherchait vainement à fixer un souvenir qui lui échappait.

Et elle reprit :

— Alors vous la connaissiez ?

— J’avais des amis près d’Aspremont, chez qui je la rencontrais. La dernière fois, elle m’a paru plus triste encore… plus pâle, et quand je suis revenu…

— C’était fini, n’est-ce pas ? dit Geneviève… oui, elle est partie très vite en quelques semaines… et je suis restée seule avec des