Page:Leblanc - 813, 1910.djvu/119

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
“813”
109

Cette lecture ne parut pas lui plaire, car une expression de mécontentement passa sur son visage. Il déchira son manuscrit et en brûla les morceaux à la flamme de la bougie.

Puis, d’une main fiévreuse, il traça quelques mots sur une feuille blanche, signa brutalement et se leva.

Mais, ayant aperçu, à dix pouces au-dessus de sa tête, la corde, il se rassit d’un coup avec un grand frisson d’épouvante.

Sernine voyait distinctement sa pâle figure, ses joues maigres contre lesquelles il serrait ses poings crispés. Une larme coula, une seule, lente et désolée. Les yeux fixaient le vide, des yeux effrayants de tristesse, et qui semblaient voir déjà le redoutable néant.

Et c’était une figure si jeune ! des joues si tendres encore, que ne rayait la cicatrice d’aucune ride ! et des yeux bleus, d’un bleu de ciel oriental…

Minuit… les douze coups tragiques de minuit, auxquels tant de désespérés ont accroché la dernière seconde de leur existence !

Au douzième, il se dressa de nouveau et, bravement cette fois, sans trembler, regarda la corde sinistre. Il essaya même un sourire – pauvre sourire, lamentable grimace du condamné que la mort a déjà saisi.

Rapidement il monta sur la chaise et prit la corde d’une main.

Un instant il resta là, immobile, non point qu’il hésitât ou manquât de courage, mais c’était l’instant suprême, la minute de grâce que l’on s’accorde avant le geste fatal.

Il contempla la chambre infâme où le mau-