Aller au contenu

Page:Leblanc - 813, 1910.djvu/23

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Bigre ! fit celui-ci, vous chargez donc vos armes avec de l’air et du silence ?

Une seconde fois le chien claqua, puis une troisième. Aucune détonation ne se produisit.

— Encore trois coups, roi du Cap. Je ne serai content que quand j’aurai six balles dans la peau. Comment ! vous y renoncez ? Dommage… le carton s’annonçait bien.

Il agrippa une chaise par le dossier, la fit tournoyer, s’assit à califourchon, et montrant un fauteuil à M. Kesselbach :

— Prenez donc la peine de vous asseoir, cher monsieur, et faites ici comme chez vous. Une cigarette ? Pour moi, non. Je préfère les cigares.

Il y avait une boîte sur la table. Il choisit un Upman blond et bien façonné, l’alluma et, s’inclinant :

— Je vous remercie. Ce cigare est délicieux. Et maintenant, causons, voulez-vous ?

Rudolf Kesselbach écoutait avec stupéfaction. Quel était cet étrange personnage ? À le voir si paisible cependant, et si loquace, il se rassurait peu à peu et commençait à croire que la situation pourrait se dénouer sans violence ni brutalité.

Il sortit de sa poche un portefeuille, le déplia, exhiba un paquet respectable de bank-notes et demanda :

— Combien ?

L’autre le regarda d’un air ahuri, comme s’il avait de la peine à comprendre. Puis au bout d’un instant, appela :