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Page:Leblanc - 813, 1910.djvu/232

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“813”

retraite, ou bien à l’exécution du projet qu’il avait imaginé. Mais, s’éloigner, ne fût-ce qu’un instant, c’était laisser Altenheim, et qui pouvait assurer que le baron n’avait pas à sa disposition une autre issue pour s’enfuir ? Cette idée bouleversa Sernine. Le baron libre ! le baron maître de retourner auprès de Geneviève, et de la torturer, et de l’asservir à son odieux amour !

Entravé dans ses desseins, contraint d’improviser un nouveau plan, à la seconde même, et en subordonnant tout au danger que courait Geneviève. Sernine passa là un moment d’indécision atroce. Les yeux fixés aux yeux du baron, il eût voulu lui arracher son secret et partir, et il n’essayait même plus de le convaincre, tellement toute parole lui semblait inutile. Et, tout en poursuivant ses réflexions, il se demandait ce que pouvaient être celles du baron, quels étaient ses armes, son espoir de salut.

La porte du vestibule, quoique fortement verrouillée, quoique blindée de fer, commençait à s’ébranler.

Les deux hommes étaient devant cette porte, immobiles. Le bruit des voix, le sens des mots leur parvenaient.

— Tu parais bien sûr de toi, dit Sernine.

— Parbleu ! s’écria l’autre en lui donnant un croc-en-jambe qui le fit tomber, et en prenant la fuite.

Sernine se releva aussitôt, franchit sous le grand escalier une petite porte par où Altenheim avait disparu, et, dégringolant les marches de pierre, descendit au sous-sol…