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“813”

vous serez libre, nous chercherons ensemble. À quoi bon d’ailleurs ! Et puis, vraiment, je ne peux pas.

— Tu as peur de lui ?

— Oui.

— Soit, dit Lupin. Après tout, ce n’est pas cela le plus urgent. Pour le reste, tu es résolu à parler ?

— Sur tout.

— Eh bien ! réponds. Comment s’appelle Pierre Leduc ?

— Hermann IV, grand-duc de Deux-Ponts-Veldenz, prince de Berncastel, comte de Fistingen, seigneur de Wiesbaden et autres lieux.

Lupin eut un frisson de joie, en apprenant que, décidément, son protégé n’était pas le fils d’un charcutier.

— Fichtre ! murmura-t-il, nous avons du titre !… Autant que je sache, le grand-duché de Deux-Ponts-Veldenz est en Prusse ?

— Oui, sur la Moselle. La maison de Veldenz est un rameau de la maison Palatine de Deux-Ponts. Le grand-duché fut occupé par les Français après la paix de Lunéville, et fit partie du département du Mont-Tonnerre. En 1814, on le reconstitua au profit d’Hermann I, bisaïeul de notre Pierre Leduc. Le fils, Hermann II, eut une jeunesse orageuse, se ruina, dilapida les finances de son pays, se rendit insupportable à ses sujets qui finirent par brûler en partie le vieux château de Veldenz et par chasser leur maître de ses États. Le grand-duché fut alors administré et gouverné par trois régents, au nom de Hermann II, qui, anomalie assez curieuse, n’abdiqua pas et garda son titre de