Page:Leblanc - 813, 1910.djvu/371

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
“813”
361

tragique, cette sorte de grandeur et de solennité que prennent les heures à l’approche d’un miracle possible. Il semble que c’est la voix même du destin qui va s’exprimer.

L’Empereur ne cachait pas son angoisse. Cet aventurier bizarre qui s’appelait Arsène Lupin, et dont il connaissait la vie prodigieuse, cet homme le troublait et, quoique résolu à en finir avec toute cette histoire équivoque, il ne pouvait s’empêcher d’attendre et d’espérer.

Encore deux minutes… encore une minute. Puis ce fut par secondes que l’on compta.

Lupin paraissait endormi.

— Allons, prépare-toi, dit l’Empereur au comte.

Celui-ci s’avança vers Lupin et lui mit la main sur l’épaule.

La sonnerie argentine du chronomètre vibra… une, deux, trois, quatre, cinq…

— Waldemar, tire les poids de la vieille horloge.

Un moment de stupeur. C’était Lupin qui avait parlé, très calme.

Waldemar haussa les épaules, indigné du tutoiement.

— Obéis, Waldemar, dit l’Empereur.

— Mais oui, obéis, mon cher comte, insista Lupin qui retrouvait son ironie, c’est dans tes cordes, et tu n’as qu’à tirer sur celles de l’horloge alternativement… une, deux… À merveille… Voilà comment ça se remontait dans l’ancien temps.

De fait le balancier fut mis en train, et l’on en perçut le tic-tac régulier.

— Les aiguilles, maintenant, dit Lupin.