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“813”
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Une heure, au village.

Et des minutes, des minutes interminables, minutes de fièvre et d’angoisse… Des gouttes perlaient à la racine de ses cheveux et coulaient sur son front, et il lui semblait que c’était une sueur de sang qui le baignait tout entier…

Deux heures…

Et voilà que, quelque part, tout près, un bruit imperceptible frissonna, un bruit de feuilles remuées… qui n’était point le bruit des feuilles que remue le souffle de la nuit…

Comme Lupin l’avait prévu, ce fut en lui, instantanément, le calme immense. Toute sa nature de grand aventurier tressaillit de joie. C’était la lutte, enfin !

Un autre bruit grinça, plus net, sous la fenêtre, mais si faible encore qu’il fallait l’oreille exercée de Lupin pour le percevoir.

Des minutes, des minutes effrayantes… L’ombre était impénétrable. Aucune clarté d’étoile ou de lune ne l’allégeait.

Et, tout à coup, sans qu’il eût rien entendu, il sut que l’homme était dans la chambre.

Et l’homme marchait vers le lit. Il marchait comme un fantôme marche, sans déplacer l’air de la chambre et sans ébranler les objets qu’il touchait.

Mais, de tout son instinct, de toute sa puissance nerveuse. Lupin voyait les gestes de l’ennemi et devinait la succession même de ses idées.

Lui, il ne bougeait pas, arc-bouté contre le