le déconcertait. D’où venait donc ce bandit qui, possédant une arme aussi terrible, la livrait de la sorte, généreusement, sans condition ? Il lui eût été si simple de garder les lettres et d’en user à sa guise ! Non, il avait promis. Il tenait sa parole.
Et l’Empereur songeait à toutes les choses étonnantes que cet homme avait accomplies.
Il lui dit :
— Les journaux ont donné la nouvelle de votre mort…
— Oui, Sire. En réalité, je suis mort. Et la justice de mon pays, heureuse de se débarrasser de moi, a fait enterrer les restes calcinés et méconnaissables de mon cadavre.
— Alors, vous êtes libre ?
— Comme je l’ai toujours été.
— Plus rien ne vous attache à rien ?…
— Plus rien.
— En ce cas…
L’Empereur hésita, puis, nettement :
— En ce cas, entrez à mon service. Je vous offre le commandement de ma police personnelle. Vous serez le maître absolu. Vous aurez tous pouvoirs, même sur l’autre police.
— Non, Sire.
— Pourquoi ?
— Je suis Français.
Il y eut un silence. La réponse déplaisait à l’Empereur. Il dit :
— Cependant, puisqu’aucun lien ne vous attache plus…
— Celui-là ne peut pas se dénouer, Sire.
Et il ajouta en riant :
— Je suis mort comme homme, mais vivant