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“813”

— Adieu, nature immortelle et bénie ! Moriturus te salutat ! Adieu, tout ce qui est beau ! Adieu, splendeur des choses ! Adieu, la vie !

Il jeta des baisers à l’espace, au ciel, au soleil… Et, croisant les bras, il sauta.

II

Sidi-bel-Abbès. La caserne de la Légion étrangère. Près de la salle des rapports, une petite pièce basse où un adjudant fume et lit son journal.

À côté de lui, près de la fenêtre ouverte sur la cour, deux grands diables de sous-offs jargonnent un français rauque, mêlé d’expressions germaniques.

La porte s’ouvrit. Quelqu’un entra. C’était un homme mince, de taille moyenne, élégamment vêtu.

L’adjudant se leva, de mauvaise humeur contre l’intrus, et grogna :

— Ah ! ça, que fiche donc le planton de garde ?… Et vous, monsieur, que voulez-vous ?

— Du service.

Cela fut dit nettement, impérieusement.

Les deux sous-offs eurent un rire niais. L’homme les regarda de travers.

— En deux mots, vous voulez vous engager à la Légion ? demanda l’adjudant.

— Oui, je le veux, mais à une condition.

— Des conditions, fichtre ! Et laquelle ?

— C’est de ne pas moisir ici. Il y a une