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— J’y tiens, d’abord parce que tu as à me rendre les huit cents francs que tes deux homes ont subtilisés dans la sacoche, et ensuite et surtout parce que j’ai à te parler.

— Quel jour veux-tu ?

— Demain.

— À quelle heure ?

— À midi.

— Où ?

— Chez moi. Nous déjeunerons ensemble. Inutile de te donner mon adresse. Tu la connais.

— Je la connais.

Ils allaient se séparer. Altenheim s’arrêta.

— Ah ; un mot encore, prince. Emporte tes armes.

— Pourquoi ?

— J’ai quatre domestiques, et tu seras seul.

— J’ai mes poings, dit Sernine, la partie sera égale.

Il lui tourna le dos, puis, le rappelant :

— Ah ! un mot encore, baron. Engage quatre autres domestiques.

— Pourquoi ?

— J’ai réfléchi. Je viendrai avec ma cravache.


III


À midi précis, un cavalier franchissait la grille de la ville Dupont, paisible rue provinciale, dont l’unique issue donne sur la rue Pergolèse, à deux pas de l’avenue du Bois.

Des jardins et de jolis hôtels la bordent. Et tout au bout elle est fermée par une sorte de petit parc où s’élève une vieille et grande maison contre laquelle passe le chemin de fer de Ceinture.

C’est là, au numéro 29, qu’habitait le baron Altenheim.

Sernine jeta la bride de son cheval à un valet de pied qu’il avait envoyé d’avance, et lui dit :

— Tu le ramèneras à deux heures.

Il sonna. La porte du jardin s’étant ouverte, il se dirigea vers le perron où l’attendaient deux grands gaillards en livrée