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Monsieur le directeur, j’arrête cet appartement.

Il se jeta sur le lit.

— Ah ! monsieur le directeur, j’ai une petite prière à vous adresser.

— Laquelle ?

— Qu’on ne m’apporte pas mon chocolat demain martin avant dix heures… Je tombe de sommeil.

Il se retourna vers le mur.

Cinq minutes après, il dormait profondément.


Séparateur

Troisième Partie


Chapitre Premier

Santé-Palace


I


Ce fut, dans le monde entier, une explosion de rire. Certes, la capture d’Arsène Lupin produisit une grosse sensation, et le public ne marchanda pas à la police les éloges qu’elle méritait pour cette revanche si longtemps espérée et si pleinement obtenue. Le grand aventurier était pris. L’extraordinaire, le génial, l’invisible héros se morfondait comme les autres entre les quatre murs d’une cellule, écrasé à son tour par cette puissance formidable qui s’appelle la justice, et qui, tôt ou tard, fatalement, brise les obstacles qu’on lui oppose, et détruit l’œuvre de ses adversaires.

Tout cela fut dit, imprimé, répété, commenté, rabâché. Le préfet de police eut la croix de commandeur, M. Weber la croix d’officier. On exalta l’adresse et le courage de leurs plus modestes collaborateurs. On applaudit, on chanta victoire, on fit des articles et des discours.

Soit. Mais quelque chose. cependant, domina ce merveilleux concert d’éloges, cette allégresse bruyante, ce fut un rire fou, énorme, spontané, inextinguible et tumultueux.

Arsène Lupin, depuis quatre ans, était chef de la Sûreté ! ! !