Page:Leblanc - 813, paru dans Le Journal, du 5 mars au 24 mai 1910.djvu/264

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Oui, mais, cependant, s’il s’agit de la vie d’un homme…

— Évidemment… évidemment… formula le sous-chef qui commençait à fléchir.

La porte s’ouvrit. Un huissier apporta une lettre que M. Formerie décacheta et où il lut ces mots :


« Défiez-vous. Si Lupin entre dans la maison de la villa Dupont, il en sortira libre. Son évasion est préparée. — L. M. »


M. Formerie devint blême. Le péril auquel il venait d’échapper l’épouvantait. Une fois de plus, Lupin s’était joué de lui. Steinweg n’existait pas.

Tout bas, M. Formerie marmotta des actions de grâces. Sans le miracle de cette lettre anonyme, il était perdu déshonoré.

— Assez pour aujourd’hui, dit-il. Me Bourdaloue, nous reprendrons l’interrogatoire demain. Gardes, que l’on reconduise le détenu à la Santé.

Lupin ne broncha pas. Il se dit que le coup provenait de l’Autre. Il se dit qu’il y avait vingt chances contre une pour que le sauvetage de Steinweg ne pût pas être opéré maintenant, mais que, somme toute, il restait cette vingt et unième chance et qu’il n’y avait aucune raison pour que lui, Lupin, se désespérât.

Il prononça donc simplement :

— Monsieur le juge d’instruction, je vous donne rendez-vous demain matin à dix heures, au 29 de la villa Dupont.

— Vous êtes fou ! Mais puisque je ne veux pas !…

— Moi, je veux, cela suffit. À demain, dix heures. Soyez exact.


{{t4[IV}}


Comme les autres fois, dès sa rentrée en cellule, Lupin se coucha, et, tout en baillant il songeait :

« Au fond, rien n’est plus pratique pour la conduite de mes affaires que cette existence. Chaque jour je donne le petit coup de pouce qui met on branle toute la machine et je n’ai qu’à patienter jusqu’au