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— Non, il ne parla pas. Mais dans une minute plus lucide, à force d’énergie, il réussit à tracer des signes sur une feuille de papier que sa femme lui présenta.

— Eh bien, ces signes ?…

— Indéchiffrables, pour la plupart…

— Pour la plupart… mais les autres ? dit Lupin, avidement… Les autres ?

— Il y a d’abord trois chiffres parfaitement distincts, un 8, un 1, et un 3…

— 813… oui, je sais… après ?

— Après, des lettres… plusieurs lettres parmi lesquelles il n’est possible de reconstituer en toute certitude qu’un groupe de trois et immédiatement après un groupe de deux lettres.

— « Apoon » n’est-ce pas ?

— Ah ! vous savez…


La serrure s’ébranlait, presque toutes les vies ayant été retirées, Lupin demanda, anxieux soudain à l’idée d’être interrompu :

— De sorte que ?

— De sorte que ce mot incomplet « Apoon » et ce chiffre 813, sont des formules que le grand-duc léguait à sa femme et à son fils pour leur permettre de retrouver les papiers secrets.


IV


Lupin se cramponna des deux mains à la serrure pour l’empêcher de tomber.

— Monsieur le directeur, vous allez réveiller le gardien-chef. Ce n’est pas gentil. Une minute encore, voulez-vous ? Steinweg, qu’est devenue la femme du grand-duc ?

— Elle est morte, peu après son mari, de chagrin, pourrait-on dire.

— Et l’enfant fut recueilli par la famille ?

— Quelle famine ? Le grand-duc n’avait ni frères ni sœurs. En outre, il n’était marié que morganatiquement et en secret. Non, l’enfant fut emmené par le vieux serviteur d’Hermann, qui l’éleva sous le nom de Robert Leduc. C’était un assez mauvais garçon, indépendant, fantasque, difficile à vivre. Un jour, il partit, on le l’a plus revu.