Page:Leblanc - 813, paru dans Le Journal, du 5 mars au 24 mai 1910.djvu/302

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

allait sérieusement travailler à son évasion.


Chapitre III

Charlemagne


I


Le gardien entra.

— Votre avocat est au parloir.

— Mon avocat ?

— Mais oui. Vous savez bien qu’il vient tous les deux jours et que vous le renvoyez chaque fois.

— Malheureux Bourdaloue ! Une Si belle cause !… et il la rate…

— Alors ?

— J’y vais. Après tout, je m’embête aujourd’hui… Un peu de distraction ne nuira pas au pauvre détenu.

Lupin descendit à l’un des parloirs réservés aux avocats. On laissa la porte ouverte, en souvenir sans doute de l’aventure Steinweg.

Me Bourdaloue parut stupéfait.

— Quoi ! vous consentez…

— Il faut bien, maître, s’écria Lupin. M. le juge d’instruction me pousse dans mes derniers retranchements, et votre éloquence seule…

Il s’assit à côté de lui, et tout bas :

— Tu as vu Doudeville ?

— Oui, patron, et Doudeville a jugé que le moment était venu de mettre à profit la situation d’avocat pour rétablir communications.

— Plus bas, nous sommes sûrement épiés.

— Vous êtes sûr ?

— Tu es naïf, Bourdaloue ! Voyons, l’avocat que j’ai choisi est inévitablement suspect. D’autant que tu es un avocat d’espèce particulière, ne plaidant pas, et n’ayant même pas de cabinet de consultation. Aussi je n’ai voulu t’utiliser qu’en cas d’extrême urgence. C’est le cas aujourd’hui. Vas-y, Bourdaloue, prends ta plume et du papier. Je dicte.