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III


Le 5 de la route de la Révolte, à Neuilly, est une véritable cité. Une porte cochère ouvre sur une cour intérieure. Et là, c’est une suite de bâtiments, de passages et d’ateliers où grouille une population d’artisans, de femmes et de gamins.

Doudeville, qui était allé en éclaireur, revint vers Lupin et lui dit :

— C’est tout un monde, là-dedans. Impossible de se renseigner. Nous devons aller au hasard.

— Allons.

Lupin se rendit compte par lui-même que l’enquête serait longue, puisqu’ils n’avaient point d’autres informations que le numéro de l’immeuble. En tout cas, d’ailleurs, il fallait commencer par interroger la concierge.

Il se dirigeait vers la loge, quand il croisa un individu qui sortait avec un paquet sous le bras et qui le regarda, de ce regard machinalement inquisiteur où l’on reconnaît si bien les gens dont la conscience n’est pas absolument tranquille.

— Ça, murmura Lupin, c’est du gibier, et qui sent fort… ça se suit à l’odeur.

Et aussitôt un autre individu passe, de même tenue et de même allure.

— Compère et compagnie, reprit Lupin. L’air d’honnêtes gens, parbleu ! mais l’œil du fauve qui sait que l’ennemi est partout et que chaque buisson, chaque touffe d’herbes peut cacher une embûche.

— Faut les suivre, patron ?

— Oui, mais en douceur…

Ils marchèrent à une assez grande distance des deux hommes. L’un après l’autre ceux-ci franchirent la porte des Ternes, chacun d’eux montrant le contenu de son paquet aux employés de l’octroi.

— Tiens, qu’est-ce que je disais ! s’exclama Lupin une minute plus tard, les voilà qui se réunissent.

Les deux hommes tournèrent par la rue Saint-Ferdinand, gagnèrent la rue Duret et l’avenue du Bois-de-Boulogne.