Page:Leblanc - 813, paru dans Le Journal, du 5 mars au 24 mai 1910.djvu/53

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’encre, sur un bout de linge cousu en dessous du col.

— Quel numéro ?

— 813.


IV


Dans la loge, trois agents gardaient Marco, que l’on avait mis d’ailleurs hors d’état de faire le moindre mouvement. On étendit Arsène Lupin sur le lit. Le célèbre aventurier, frappé à la tête d’un coup de pommeau, n’avait pas repris connaissance.

Dans l’arrière-loge, qui servait à la fois de cuisine et de chambre à coucher, étaient emprisonnés les concierges et la vieille bonne.

— Arnoult, dit M. Lenormand au commissaire, je vous prierai de téléphoner à la Sûreté. Et veuillez revenir avec deux voitures. Nous transporterons ces gaillards-là au Dépôt.

Aussitôt après le départ du commissaire, le chef interrogea sommairement les concierges et acquit la certitude qu’ils n’étaient que des comparses de la bande, des auxiliaires inconscients de Marco. Ils connaissaient évidemment l’existence du passage qui s’ouvrait dans leur loge, puisque ce passage avait été pratiqué avec leur consentement, mais ils le considéraient comme une issue que Marco se réservait pour échapper à ses créanciers.

Quant à la vieille bonne et à Marco, le chef n’apprit pas grand’chose à leur propos. Marco habitait l’appartement depuis six années, sous le nom de M. Marc Dalis. On l’y voyait peu. Chaque matin, il sortait et ne rentrait qu’au soir. Où passait-il ses journées ?

M. Lenormand ne prit pas la peine de l’interroger. Il lui demanda seulement :

— Un mot… Qui est cet homme que ton patron soignait et que j’ai trouvé dans l’appartement, à moitié mort ? Veux-tu me répondre ?

— Oui.

— Qui est-ce ?

— Je ne sais pas.

Seul, au fond, ce problème-là paraissait intéresser M. Lenormand. Trois fois déjà, depuis le début du drame ce nombre de 813 revenait sous ses yeux, inscrit d’abord sur l’étiquette qu’il avait ramassé dans la chambre du Palace, près de l’étui à cigarettes, puis inscrit sur l’étiquette collée à la cassette d’ébène que Lupin avait renvoyée par colis postal, et inscrit sur le bout de linge épinglé au veston du malade.

Pures coïncidences, peut-être, les deux premières fois ? Oui, à la rigueur ; mais, après cette troisième découverte, le hasard ne pouvait pas être invoqué. Il y avait là, dans ce retour vraiment fatidique du même nombre, un fait que l’on devait accueillir et considérer avec attention.