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La voiture avait fait une embardée à gauche. Violemment, Jules la ramena sur la droite.

— Quoi ? qu’y a-t-il ? cria Varnier… un pneumatique, n’est-ce pas ?

— Oui… crevés… à l’arrière…

— Ah ! la canaille, il a bien visé… Arrête, nom d’un chien !…

Jules freina. Brusquement, l’automobile stoppa le long du talus.

Déjà l’autre voiture les dépassait et se bloquait devant eux.

Au large, les enfants, rugit Varnier… y a plus qu’à décaniller… mes respects, les poulettes.

Il ouvrit la portière de droite, grimpa comme un chat jusqu’en haut du talus et tendit la main à ses deux camarades.

Deux coups de feu claquèrent. Un peu de sable jaillit sur la botte même de Varnier.

— Ah ! non, cria-t-il, tu en demandes trop, monsieur. Bonsoir !

Il poussa ses amis contra une haie qui bordait la crête, les fit basculer par-dessus les épines, bandit à son tour et disparut.


III


Geneviève s’était précipitée sur Dolorès et la rassurait :

— Ils sont partis… nous sommes sauvées… remettez-vous.

Dolorès murmura :

— Oh ! j’ai peur… ils vont revenir.

— Mais non, voici les personnes de l’automobile.

La portière de gauche s’ouvrit vivement. Tout de suite Geneviève supplia :

— Oh ! monsieur, je vous en prie… cette dame est malade…

— Elle n’est pas blessée ? dit le monsieur auquel Geneviève s’adressait… Est-ce que ces misérables ?…

— Non… non… c’est la peur seulement… l’émotion… Et puis… vous allez comprendre… cette dame est Mme Kesselbach…

— Oh ! dit-il…

Il offrit à Geneviève un flacon de sels qu’elle fit aussitôt respirer à la jeune femme. Et il ajouta :

— Soulevez l’améthyste qui sert de bouchon, mademoiselle, il y a une petite boîte, et dans cette boite des pastilles. Que madame en prenne une… une, pas davantage… c’est très violent…

À certaines syllabes prononcées avec un peu d’affectation et à la façon dont il ap-