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ARMELLE ET CLAUDE

Hardiment elle tendit les mains au jeune homme, et il les serra.

Sur une roche voisine, plus haute, ils s’assirent en face d’une petite île grise où des troupeaux remuaient. Le repos accueillant de l’étendue les affranchit de leurs préventions contre la mer. Puis sa couleur les ravit. Elle était toute bleue, et ils ne l’avaient pas encore vue ainsi, de sorte qu’ils lui trouvèrent un aspect très doux. Ils s’y abandonnèrent, ballottés d’une pointe à l’autre et du rivage à l’horizon.

Mais de petits bruits joyeux les surprirent. C’était la mer qui grimpait autour d’eux. Une série de rochers assurant leur retraite, ils se divertirent à voir son œuvre patiente et ingénieuse. Elle rampe sans à-coup, par ondulations imperceptibles. Elle clapote, s’amuse au moindre creux, forme des étangs, présente au ciel des miroirs. Si une pierre l’arrête, elle l’investit, se sépare en deux courants qui se rejoignent à la longue. Et des cailloux flottent, et la chevelure des herbes vibre comme un étendard.