Page:Leblanc - Armelle et Claude, 1897.djvu/105

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
95
ARMELLE ET CLAUDE

Il y avait à droite, plus loin que les roches, une bande de sable où l’eau se jouait. Les nappes limpides s’étalaient, glissaient les unes sur les autres et se repliaient en menues franges d’écume claire. Et ces petites vagues, ils ne les entendaient pas non plus, mais ils en devinaient le bruit. Elles s’abattaient gaiement, avec une certaine fierté, avec des sons de cristal et une transparence d’air pur. Et longtemps ils les écoutèrent tomber une à une, si gracieuses et si fraîches.

Cependant le soleil se couchait. Majestueusement il s’ouvrait un chemin triomphal dans la foule des nuages dorés. Il effleura le bord de l’horizon, puis s’enfonça, puis disparut. Il y eut alors, avant la fin du jour, un moment d’angoisse solennelle. Quelque chose allait mourir. La vie, ainsi qu’un fleuve devant l’obstacle, s’enfla d’énergie croissante et de forces irritées. Et eux aussi, ils sentirent l’excès de cette vie anxieuse, intense comme une vie d’agonisant.