Page:Leblanc - Armelle et Claude, 1897.djvu/159

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
149
ARMELLE ET CLAUDE

de nous entendre, d’avoir conscience l’un de l’autre et, par là, de nous respecter. J’ai de votre existence une notion aussi nette que de la mienne, et ce que vous êtes ne me semble pas moins important que ce que je suis. Et puis nous sommes imprégnés d’une telle beauté ! Il y a entre nous tant d’émotion, et non pas l’émotion restreinte et un peu artificielle que provoquent les faits et les pensées, mais l’émotion limpide et intarissable de la nature. Comment pourrions-nous nous abaisser à un acte mesquin ?

Il y eut un moment de silence affectueux, Armelle murmura :

— Comme nous sommes près l’un de l’autre !… Claude, il me semble que je suis entre vous et moi…

Il défaillit sous la caresse des mots.

— Armelle, dit-il gravement, de toute sa force et de toute sa loyauté, si je savais qu’un autre vous aimât mieux que moi, je vous l’amènerais. Armelle, c’est vous que j’aime en vous, ce n’est pas moi.