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ARMELLE ET CLAUDE

ses charmes, ce en quoi il différait des passions communes. Ils lui rendaient grâces avec ferveur.

— J’aime vous aimer, disait Claude, j’aime notre amour d’un amour d’amant, nous l’avons créé et il nous a créés.

Il remplissait leur existence au point que l’heure actuelle ne suffisait plus à le contenir et qu’il débordait sur les années révolues. Leurs souvenirs s’en imprégnaient et prenaient l’apparence de faits à peine écoulés. Il mettait au présent toute leur vie. Leur enfance n’était que le matin du jour où ils se trouvaient.

Un instant de ce passé toutefois demeurait ténébreux comme un coin d’ombre inaccessible au soleil. La volonté peureuse de Claude entourait d’un voile les tentatives sentimentales d’Armelle, et elle n’osait le déchirer. Mais la petite gêne produite par cette réserve cédait à leur désir d’harmonie. Ils voulaient être heureux puisqu’il n’y avait pas de raison pour qu’ils ne le fussent point.

Une visite rompit leur solitude. Ils se