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ARMELLE ET CLAUDE

— Ne craignons point de nous attendrir, disait Claude. On pleure bien à revenir où l’on fut plus jeune, pourquoi ceux qui tendent vers la vie de l’humanité ne pleureraient-ils pas où cette humanité fut plus jeune ?

Certes elle le fut ailleurs, et partout des raisons de larmes pourraient se découvrir, au sein des forêts ou au milieu des cités. Mais nulle part autant qu’en une ville close ne persiste le passé. Il est là, devant vous, concentré, impérissable. Les murs, ses contemporains de chaque jour, le gardent comme des geôliers dont il ne saurait tromper la vigilance. On le tient. On l’entend.

Ils le voyaient aussi comme une atmosphère flottante. Événements, catastrophes, rumeurs du peuple, épouvante des masses, misère et bonheur des individus, tout cela forme, au ras des créneaux, un nuage épais et mouvant qui roule par les rues, baigne les maisons et se cristallise le long des murailles. Il n’a point d’issue pour s’échapper, s’épandre et disparaître, et il bouil-