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Page:Leblanc - Arsène Lupin contre Herlock Sholmès (La Dame blonde suivi de La Lampe juive), paru dans Je sais tout, 1906-1907.djvu/63

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Provost… Ils ont déménagé aujourd’hui. Il ne restait que ces deux domestiques… Ils viennent de partir.

— Ah ! pensa Ganimard, qui s’effondra sur un canapé de la loge, quel beau coup nous avons manqué ! Toute la bande occupait ce pâté de maisons…



Au revoir, cher ami !… Bon voyage !…


Quarante minutes plus tard, deux messieurs arrivaient en voiture à la gare du Nord et se hâtaient vers le rapide de Calais, suivis d’un homme d’équipe qui portait leurs valises.

L’un d’eux avait le bras en écharpe, et sa figure pâle n’offrait pas l’apparence de la bonne santé. L’autre semblait joyeux.

— Au galop, Wilson, il ne s’agit pas de manquer le train… Ah ! Wilson, je n’oublierai jamais ces dix jours.

— Moi non plus.

— Ah ! les belles batailles !

— Superbes.

— À peine, ça et là, quelques petits ennuis, mais de si peu d’importance !

— De si peu, en effet.

— Et finalement, le triomphe sur toute la ligne. Lupin arrêté ! Le diamant bleu reconquis !

— Mon bras cassé !

Des portières se fermaient.

— En voiture, s’il vous plaît. Pressons-nous, Messieurs.

L’homme d’équipe escalada les marches d’un compartiment vide, et disposa les valises dans le filet, tandis que Sholmès hissait l’infortuné Wilson.

— Mais qu’avez-vous, Wilson ? Vous n’en finissez pas !… Du nerf, vieux camarade…

Et tendant à l’homme une pièce de cinquante centimes :

— Bien, mon ami. Voici pour vous.

— Merci, M. Sholmès.

L’Anglais leva les yeux : Arsène Lupin.

— Vous !… vous ! balbutia-t-il, ahuri.

Et Wilson bégaya :

— Vous ! vous ! mais vous êtes arrêté ! Sholmès me l’a dit.

Lupin croisa ses bras et, d’un air indigne :

— Alors vous avez supposé que je vous laisserais partir sans vous dire adieu ! Après les excellentes relations que nous avons entretenues ! Pour qui me prenez-vous ?

Le train sifflait.

— Avez-vous tout ce qu’il vous faut ? Des journaux, du tabac, des allumettes… Oui… Eh bien, au revoir, et enchanté d’avoir fait votre connaissance… enchanté vraiment !… Jamais je n’oublierai… et je compte bien un jour ou l’autre…

Il sauta sur le quai et referma la portière.

— Adieu, fit-il encore, en agitant son mouchoir. Adieu… et surtout écrivez-moi… Comme adresse, Lupin, Paris… C’est suffisant… Et à bientôt !

Maurice Leblanc.
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