Page:Leblanc - Arsène Lupin contre Herlock Sholmes, 1908.djvu/166

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— Je vous dis d’aller rue Pergolèse.

L’homme ne répondit point.

— Ah ! ça, mais vous êtes sourd, mon ami. Ou vous y mettez de la mauvaise volonté… Nous n’avons rien à faire par ici… Rue Pergolèse !… Je vous ordonne de rebrousser chemin, et au plus vite.

Toujours le même silence. L’Anglais frémit d’inquiétude. Il regarda Clotilde : un sourire indéfinissable plissait les lèvres de la jeune fille.

— Pourquoi riez-vous ? maugréa-t-il… cet incident n’a aucun rapport… cela ne change rien aux choses…

— Absolument rien, répondit-elle.

Tout à coup, une idée le bouleversa. Se levant à moitié, il examina plus attentivement l’homme qui se trouvait sur le siège. Les épaules étaient plus minces, l’attitude plus dégagée… Une sueur froide le couvrit, ses mains se crispèrent, tandis que la plus effroyable conviction s’imposait à son esprit : cet homme, c’était Arsène Lupin.

— Eh bien, monsieur Sholmès, que dites-vous de cette petite promenade ?

— Délicieuse, cher Monsieur, vraiment délicieuse, riposta Sholmès.

Jamais peut-être il ne lui fallut faire sur lui-même un effort plus terrible que pour articuler ces paroles sans un frémissement dans la voix, sans rien qui pût indiquer le déchaînement de tout son être. Mais aussitôt, par une sorte de réaction formidable, un flot de rage et de haine brisa les digues, emporta sa volonté, et, d’un geste brusque tirant son revolver, il le braqua sur Mlle Destange.

— À la minute même, à la seconde, ar-