Page:Leblanc - Arsène Lupin contre Herlock Sholmes, 1908.djvu/170

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vite, et de vous offrir ces deux sandwichs… Si, si, acceptez, qui sait quand vous dînerez !

Les quatre hommes étaient descendus. L’un d’eux s’approcha, et comme il avait retiré les lunettes qui le masquaient, Sholmès reconnut le Monsieur en redingote du restaurant Hongrois. Lupin lui dit :

— Vous reconduirez ce fiacre au chauffeur à qui je l’ai loué. Il attend dans le premier débit de vins à droite de la rue Legendre. Vous lui ferez le second versement de mille francs promis. Ah ! j’oubliais, veuillez donner vos lunettes à M. Sholmès.

Il s’entretint avec Mlle Destange, puis s’installa au volant et partit, Sholmès à ses côtés, et, derrière lui, un de ses hommes.

Lupin n’avait pas exagéré en disant qu’on irait « assez vite ». Dès le début ce fut une allure vertigineuse. L’horizon venait à leur rencontre, comme attiré par une force mystérieuse, et il disparaissait à l’instant comme absorbé par un abîme vers lequel d’autres choses aussitôt, arbres, maisons, plaines et forêts, se précipitaient avec la hâte tumultueuse d’un torrent qui sent l’approche du gouffre.

Sholmès et Lupin n’échangeaient pas une parole. Au-dessus de leurs têtes, les feuilles des peupliers faisaient un grand bruit de vagues, bien rythmé par l’espacement régulier des arbres. Et les villes s’évanouirent : Mantes, Vernon, Gaillon. D’une colline à l’autre, de Bon-Secours à Canteleu, Rouen, sa banlieue, son port, ses kilomètres de quais, Rouen ne sembla que la rue