Page:Leblanc - Arsène Lupin contre Herlock Sholmes, 1908.djvu/21

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

épicier déclara qu’il avait fourni de l’huile à une automobile fermée qui arrivait de Paris. Sur le siège se tenait un mécanicien, à l’intérieur une dame blonde — excessivement blonde, précisa le témoin. Une heure plus tard, l’automobile revenait de Versailles. Un embarras de voiture l’obligea de ralentir, ce qui permit à l’épicier de constater, à côté de la dame blonde déjà entrevue, la présence d’une autre dame, entourée, celle-ci, de châles et de voiles. Nul doute que ce ne fût Suzanne Gerbois.

Mais alors il fallait supposer que l’enlèvement avait eu lieu en plein jour, sur une route très fréquentée, au centre même de la ville !

Comment ? à quel endroit ? Pas un cri ne fut entendu, pas un mouvement suspect ne fut observé.

L’épicier donna le signalement de l’automobile, une limousine de 24 chevaux de la maison Peugeon, à carrosserie bleu foncé. À tout hasard, on s’informa auprès de la directrice du Grand-Garage, Mme Bob-Walthour, qui s’est fait une spécialité d’enlèvements par automobile. Le vendredi matin, en effet, elle avait loué pour la journée une limousine Peugeon à une dame blonde qu’elle n’avait du reste point revue.

— Mais le mécanicien ?

— C’était un nommé Ernest, engagé la veille sur la foi d’excellents certificats.

— Il est ici ?

— Non, il a ramené la voiture, et il n’est plus revenu.

— Ne pouvons-nous retrouver sa trace ?

— Certes, auprès des personnes dont il