Page:Leblanc - Arsène Lupin contre Herlock Sholmes, 1908.djvu/263

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— L’aura… L’aura pas, disait Lupin… D’ailleurs, ça n’a aucune importance… Si vous avez votre rame, je vous empêche de vous en servir… Et vous de même. Mais voilà, dans la vie, on s’efforce d’agir… sans la moindre raison, puisque c’est toujours le sort qui décide… tenez, vous voyez, le sort… eh bien, il se décide pour son vieux Lupin… Victoire ! le courant me favorise !

Le bateau, en effet, tendait à s’éloigner.

— Garde à vous, cria Lupin.

Quelqu’un, sur la rive, braquait un revolver. Il baissa la tête, une détonation retentit, un peu d’eau jaillit auprès d’eux. Lupin éclata de rire.

— Dieu me pardonne, c’est l’ami Ganimard !… Mais c’est très mal ce que vous faites là, Ganimard. Vous n’avez le droit de tirer qu’en cas de légitime défense… Ce pauvre Arsène vous rend donc féroce au point d’oublier tous vos devoirs ?… Allons, bon, le voilà qui recommence !… Mais, malheureux, c’est mon cher maître que vous allez frapper.

Il fit à Sholmès un rempart de son corps, et, debout dans la barque, face à Ganimard :

— Bien ! Maintenant je suis tranquille… Visez là, Ganimard, en plein cœur !… plus haut… à gauche. C’est raté… fichu maladroit… Encore un coup ?… Mais vous tremblez, Ganimard… Au commandement, n’est-ce pas ? et du sang-froid !… Une, deux, trois, feu !… Raté ! Sacrebleu ! le gouvernement vous donne donc des joujoux d’enfant comme pistolets ?