Page:Leblanc - Arsène Lupin contre Herlock Sholmes, 1908.djvu/284

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— Oui, c’est moi qu’il tenait par ses menaces… Je l’ai connu chez une amie… et j’ai eu la folie de l’écouter… Oh ! rien que tu ne puisses pardonner… cependant j’ai écrit deux lettres… des lettres que tu verras… Je les ai rachetées… tu sais comment… Oh ! aie pitié de moi… j’ai tant pleuré !

— Toi ! toi ! Suzanne !

Il leva sur elle ses poings serrés, prêt à la battre, prêt à la tuer. Mais ses bras retombèrent, et il murmura de nouveau :

— Toi, Suzanne !… toi !… est-ce possible !…

Par petites phrases hachées, elle raconta la navrante et banale aventure, son réveil effaré devant l’infamie du personnage, ses remords, son affolement, et elle dit aussi la conduite admirable d’Alice, la jeune fille devinant le désespoir de sa maîtresse, lui arrachant sa confession, écrivant à Lupin, et organisant cette histoire de vol pour la sauver des griffes de Bresson.

— Toi, Suzanne, toi, répétait M. d’Imblevalle, courbé en deux, terrassé… Comment as-tu pu… ?

Le soir de ce même jour, le steamer Ville-de-Londres qui fait le service entre Calais et Douvres, glissait lentement sur l’eau immobile. La nuit était obscure et calme. Des nuages paisibles se devinaient au-dessus du bateau, et, tout autour, de légers voiles de brume le séparaient de l’espace infini où devait s’épandre la blancheur de la lune et des étoiles.

La plupart des passagers avaient regagné les cabines et les salons. Quelques-uns