Sans me répondre, elle me désigna d’un geste craintif l’individu. Je souris comme avait fait son mari, haussai les épaules et lui expliquai par signes qu’elle n’avait rien à redouter, que j’étais là, et d’ailleurs que ce monsieur semblait bien inoffensif.
À cet instant, il se tourna vers nous, l’un après l’autre nous considéra des pieds à la tête, puis se renfonça dans son coin et ne bougea plus.
Il y eut un silence, mais la dame, comme si elle avait ramassé toute son énergie pour accomplir un acte désespéré, me dit d’une voix à peine intelligible :
— Vous savez qu’il est dans notre train ?
— Qui ?
— Mais lui… lui… je vous assure.
— Qui, lui ?
— Arsène Lupin !
Elle n’avait pas quitté des yeux le voyageur et c’était à lui plutôt qu’à moi qu’elle lança les syllabes de ce nom inquiétant.
Il baissa son chapeau sur son nez. Était-ce pour masquer son trouble ou, simplement, se préparait-il à dormir ?
Je fis cette objection :
— Arsène Lupin a été condamné hier, par contumace, à vingt ans de travaux forcés. Il est donc peu probable qu’il commette aujour-