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GENTLEMAN-CAMBRIOLEUR

Neuf heures sonnèrent. Quelques minutes plus tard la grille du jardin grinça sur ses gonds.

J’avoue que je n’étais pas sans éprouver une certaine angoisse et qu’une fièvre nouvelle me surexcitait. J’étais sur le point de connaître le mot de l’énigme ! L’aventure déconcertante dont les péripéties se déroulaient devant moi depuis des semaines, allait enfin prendre son véritable sens, et c’est sous mes yeux que la bataille allait se livrer.

Daspry saisit la main de Mme Andermatt et murmura :

— Surtout, pas un mouvement ! Quoi que vous entendiez ou voyiez, restez impassible.

Quelqu’un entra. Et je reconnus tout de suite, à sa grande ressemblance avec Étienne Varin, son frère Alfred. Même démarche lourde, même visage terreux envahi par la barbe.

Il entra de l’air inquiet d’un homme qui a l’habitude de craindre des embûches autour de lui, qui les flaire et les évite. D’un coup d’œil il embrassa la pièce, et j’eus l’impression que cette cheminée masquée par une portière de velours lui était désagréable. Il fit trois pas de notre côté. Mais une idée, plus impérieuse sans doute, le détourna, car il obliqua vers le mur, s’arrêta devant le vieux roi de mosaïque, à la barbe fleurie, au glaive flamboyant, et l’examina longuement, montant sur une chaise,