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ARSÈNE LUPIN

vingt ans, la Zalti, comtesse d’Andillot, à qui ses parures de diamants et de perles valaient une réputation européenne ? On disait d’elle qu’elle portait sur ses épaules le coffre-fort de plusieurs maisons de banque et les mines d’or de plusieurs compagnies australiennes. Les grands joailliers travaillaient pour la Zalti comme on travaillait jadis pour les rois et pour les reines.

Et qui ne se souvient de la catastrophe où toutes ces richesses furent englouties ? Maisons de banque et mines d’or, le gouffre dévora tout. De la collection merveilleuse, dispersée par le commissaire-priseur, il ne resta que la fameuse perle noire. La perle noire ! c’est-à-dire une fortune, si elle avait voulu s’en défaire.

Elle ne le voulut point. Elle préféra se restreindre, vivre dans un simple appartement avec sa dame de compagnie, sa cuisinière et un domestique, plutôt que de vendre cet inestimable joyau. Il y avait à cela une raison qu’elle ne craignait pas d’avouer : la perle noire était le cadeau d’un empereur ! Et presque ruinée, réduite à l’existence la plus médiocre, elle demeura fidèle à sa compagne des beaux jours.

— Moi vivante, disait-elle, je ne la quitterai pas.

Du matin jusqu’au soir, elle la portait à son cou. La nuit, elle la mettait dans un endroit connu d’elle seule.