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GENTLEMAN-CAMBRIOLEUR

Dès le début, toutefois, le vieux policier causa une certaine déception. Il avait l’air, non pas intimidé — il en avait vu bien d’autres — mais inquiet, mal à l’aise. Plusieurs fois, il tourna les yeux vers l’accusé avec une gêne visible. Cependant, les deux mains appuyées à la barre, il racontait les incidents auxquels il avait été mêlé, sa poursuite à travers l’Europe, son arrivée en Amérique. Et on l’écoutait avec avidité, comme on écouterait le récit des plus passionnantes aventures. Mais, vers la fin, ayant fait allusion à ses entretiens avec Arsène Lupin, à deux reprises il s’arrêta, distrait, indécis.

Il était clair qu’une autre pensée l’obsédait. Le président lui dit :

— Si vous êtes souffrant, il vaudrait mieux interrompre votre témoignage.

— Non, non, seulement…

Il se tut, regarda l’accusé longuement, profondément, puis il dit :

— Je demande l’autorisation d’examiner l’accusé de plus près. Il y a là un mystère qu’il faut que j’éclaircisse.

Il s’approcha, le considéra plus longuement encore, de toute son attention concentrée, puis il retourna à la barre. Et là, d’un ton un peu solennel, il prononça :

— Monsieur le président, j’affirme que l’homme qui est ici, en face de moi, n’est pas Arsène Lupin.