Page:Leblanc - Contes Heroïques, parus dans Le Journal, 1915-1916.djvu/52

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— Non, tais-toi. Je suis sûre que tu me comprends et que tu m’approuves. Tes yeux sont pleins de larmes, qui me font du bien, Georges. Mais ne dis pas un mot, je t’en prie. Quand tu auras besoin de consolation, tu viendras ici, tout seul, et elle te donnera de la force, comme à moi. Aujourd’hui, ne parle pas. Rien de ce que tu dirais ne vaudrait les larmes qui coulent de tes yeux. Donne-lui la main, Georges. C’est une vaillante créature, et si courageuse, la chère petite ! gagnant sa vie par elle-même et n’acceptant rien de personne. Ah ! si tu savais ! Tiens, j’ai fait le vœu que, si notre fils revenait, il aurait toute liberté de l’épouser. Tais-toi, tais-toi… pas un mot… ne dis ni oui ni non. L’avenir est à eux… il sera ce qu’ils voudront… ce qu’elle voudra, elle, qui l’aura sauvé par ses prières, par son amour, par sa pureté… Tais-toi et allons-nous-en. Donne-lui la main Georges.

La jeune fille ne disait rien. L’émotion la faisait un peu rougir. Elle demeurait cependant toute souriante, sans marquer le moindre embarras. Grande, de taille harmonieuse, le visage loyal, elle était de ces femmes qui donnent de beaux enfants et qui portent le bonheur dans leurs bras.

M. Dervieu s’inclina devant elle et lui baisa la main.