Page:Leblanc - Contes Heroïques, parus dans Le Journal, 1915-1916.djvu/36

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Et, s’étaient aussi, sur les pages précédentes qu’il put examiner, c’étaient des prescriptions de docteur, des formules, des recettes, des phrases où revenait à chaque instant le même nom singulier : Nonoche… Peser Nonoche… Laine à tricoter pour Nonoche… Qu’était-ce donc que ce personnage mystérieux ?

Marceline n’avait pas bougé. L’excès de fatigue la tenait profondément endormie. Jacques se releva et marcha sur la pointe des pieds vers la chambre voisine, qui était leur chambre. Il lui avait semblé entendre un soupir, puis un cri léger.

Il entra et, tout de suite, il avisa la chose la plus extraordinaire : un berceau, près du lit ; un berceau voilé de mousseline et qui remuait. Il avança, écarta la mousseline. Dans le berceau, il y avait un gros garçon de quelques mois, presque nu, et qui s’éveillait en bâillant.

Jacques demeura un instant déconcerté. Il se rappelait soudain que Marceline, au moment de la mobilisation, se plaignait de malaises. Il supputa les dates. Il compta les mois. Et alors la plus troublante des questions se posait à lui, devant cet enfant en qui il lui semblait retrouver sa propre image mêlée à l’image de Marceline.

Jamais dans les forêts de l’Ardenne, jamais aux heures de désespoir les plus accablantes, il n’avait permis aux larmes