Page:Leblanc - De minuit à sept heures, paru dans Le Journal, 1931.djvu/71

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Valnais se précipita dans le couloir, puis dans l’escalier. Il revint au bout de quelques minutes, affolé, haletant.

— Elle a pris la barque, proférait-il. Elle a pris la barque qui était attachée en bas !

— Elle a voulu retourner à Paris pour recevoir cet individu, cria Mme Destol. Elle a voulu tenir sa parole ! C’est notre faute ! Nous n’aurions pas dû la quitter des yeux. Mais est-ce que je pouvais supposer que ce soit aussi facile de se sauver d’ici ?  Ah ! je la retiens, votre villa, Valnais ! Mais vite, vite, rentrons à Paris. Nous arriverons peut-être à temps pour…

Elle ne dit pas pourquoi, mais tous comprenaient et partageaient — Valnais surtout — son angoisse.

Ne prenant pas le temps d’éteindre le poêle à pétrole, Valnais saisit la lampe et, suivi des autres, se précipita en bas. Son mouvement fut si rapide que la lampe s’éteignit. Il dut se fouiller pour trouver des allumettes et prendre son mouchoir pour enlever le verre brûlant et rallumer. Enfin, tous les cinq furent sur la route, auprès des autos où dormaient les chauffeurs.

On les secoua, ils remuèrent, grognèrent, se rendormirent. Au bout de cinq minutes seulement, ils reprirent conscience de la réalité.

— Vite ! vite ! à Paris, chez moi ! ordonna Mme Destol en s’installant dans sa voiture, avec deux des mousquetaires, tandis que le troisième prenait place auprès de Valnais.

Les voitures démarrèrent et filèrent.

— Mon Dieu, minuit quarante, gémit Mme Destol en voyant l’heure, à la pendulette de sa voiture. Et cet