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Page:Leblanc - Des couples, 1890.djvu/112

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mon amie, madame rollet

— Et dire que ça aurait pu ne pas exister, concluait-il d’un air inquiet.

Cette possibilité l’épouvantait comme s’il eût craint que cette bonne journée et toutes ses conséquences s’évanouissent par quelque maléfice.

Le temps s’enfuit sans renverser l’échafaudage de leurs rêves.

Mme Rollet jouissait toujours d’une grande vogue. Un directeur de théâtre remplaçait maintenant l’homme marié, mais le vieux magistrat demeurait immuable. Les jeunes aussi la prisaient, elle devint à la mode parmi les petits qui débutent, les nouveaux qui opèrent l’après-midi, et elle eut une série de dimanches consacrés à déniaiser des collégiens. En outre elle entretint un garçon de café qui la battit, puis son coiffeur qui la vola. Un cocher de fiacre leur succéda qui la rendit fort heureuse.

Et jamais il n’y eut d’erreur. Jamais Gaspard n’aperçut de rival chez sa maîtresse. Jamais Adèle, la bonne, ne confondit le vendredi de M. de Crochemont, soit avec le mardi du vieux magistrat, soit avec les jours attitrés du directeur de théâtre.