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les époux dumouchel

ce que vous en dites ? Eh bien, j’ai déniché ça au Clos Saint-Marc, chez un brocanteur. Devinez combien ?… Et puis, vous savez, authentiques… garanties authentiques, ajoutait-il en appuyant sur ce terme, sans savoir au juste ce qu’il entendait par cette authenticité.

À huit heures et demie précises, Mlle Roussel survint, la première suivant l’usage. Sa santé, raffermie par miracle, décourageait les époux. Ils s’en informèrent anxieusement, espérant toujours que la vieille fille se plaindrait d’un malaise. Mais, très gaillarde, elle se débarrassa de son manteau, gagna son fauteuil accoutumé, et répondit :

— Ça va bien, je suis enchantée de moi… J’avais encore quelques rhumatismes, ils s’en vont.

Et l’on parla de ce sujet qui les intéressait tous à un égal degré.

Au moment où Dumouchel s’écriait avec un dépit à peine dissimulé : « Allez, ma tante, vous nous enterrerez tous… » la bonne annonça :

— M. Renaud et sa dame, M. Turpin.

Ils arrivaient toujours ensemble, les Renaud, anciens quincailliers de la rue Grand-Pont, habi-