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les époux dumouchel

Le soir, confortablement installés dans leurs fauteuils, vêtus de robes de chambre, l’un fumant, l’autre brodant, ils revécurent cette bonne journée, et, avec elle, leur esprit évoqua une interminable série de journées heureuses, les dimanches d’autrefois, où ils avaient fait les mêmes choses, entendu la même musique, parcouru les mêmes promenades.

Alors une crainte les effleura. Plus tard, embarrassés d’un enfant, retrouveraient-ils ces heures délicieuses, ces heures de liberté, de paresse et d’insouciance ?

Cette idée les assombrit et la soirée s’acheva, triste.

Quelques semaines après, ils se rendirent à l’église de Bon-Secours pour voir l’effet d’un ex-voto que Dumouchel avait commandé à la suite de l’heureuse nouvelle.

D’abord ils achetèrent chez un marchand de reliques et d’objets religieux deux cierges de grandeur moyenne que le vendeur se chargea de porter. Puis ils entrèrent.

À l’intérieur, c’était une débauche de bleu. La nef, les bas côtés, les voûtes, tout était bleu, un bleu criard, tapageur, de mauvais goût, un