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les époux dumouchel

peine sous son parapluie, piétinait dans les flaques d’eau et ne songeait pas à s’éloigner des voitures qui mouchetaient de boue son pantalon.

— Berthe, Berthe, hurla-t-il.

Il envahit la chambre de l’enfant où sa femme travaillait avec la nourrice.

— Viens, viens, je vais te dire… c’est horrible…

Il l’entraîna près du berceau, étendit le bras d’un geste tragique, comme un accusateur qui désigne un coupable. Mais la rage l’étouffait et il bégaya :

— C’est sa faute… sans elle… j’avais de l’avancement… c’était sûr… je roulais Bourdet… eh bien… eh bien, voilà, je me suis éreinté à la veiller, et puis tantôt j’ai dormi… j’ai dormi, et l’adjoint… cette brute d’adjoint… m’a dénoncé… maintenant je suis flambé… foutu…

Sa colère tomba soudain, des larmes mouillèrent ses yeux, et il dit d’une voix plaintive :

— C’est mal, ça… bien mal… fillette… ton pauvre papa…

Berthe le coucha. Il eut le délire, fut obligé de garder le lit.

Quand il reparut à la mairie, quelque temps