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un amour

Elle le supplia, entrevoyant la monstrueuse alternative à laquelle il la condamnait :

— Non, non, pas cela, ordonnez, enlevez-moi Georges ou arrachez-moi à Jacques, mais ne me dites pas de choisir, ne me dites pas de me tuer moi-même.

Elle tendait les mains vers son mari, et l’implorait de toute son attitude. Il lui semblait qu’on voulait lui couper une partie de son cœur, son pauvre cœur où se mêlaient si étroitement son amour de maîtresse et son amour de mère : « Quoi qu’il arrive, pensa-t-elle, j’en mourrai, car j’aimerai davantage celui que j’aurai sacrifié. »

Il répondit, en haussant les épaules :

— Qu’attendez-vous de moi ? Dois-je accepter la continuation de la vie actuelle ? Ou désirez-vous que je me retire simplement comme quelqu’un qui est de trop ? Non, ma résolution est immuable. Vous avez à choisir entre votre amant et votre fils, choisissez. La chose est aisée, décidez-vous en faveur de celui que vous préférez.

Elle lut sur sa figure une résolution implacable qui la découragea. Elle cessa de prier, persuadée de l’inutilité de ses efforts et tâcha