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le fils aux duramé

ed’sus lui, comme si qu’ i pouvait pas tomber ed’sus l’aut, d’sus l’étranger.

Le lendemain, Victor se rendit à la mairie et déclara le décès de son fils, Pierre-Césaire-Charles Duramé, âgé de dix mois.


Ils continuèrent leurs voyages à Fécamp. À la première visite, Césarine pinça l’enfant qui se mit à crier. Le notaire, abasourdi, les expédia rapidement.

En outre, pendant plusieurs mois, dès qu’un voisin entrait chez eux, ils portaient Marcel — ils appelaient ainsi leur fils maintenant — dans une autre chambre dont ils fermaient la porte à clef.

Personne ne se douta de la substitution.

Ils vécurent heureux, riches, jalousés. Ils arrondirent leurs terres, triplèrent le nombre de leurs bestiaux. En peu d’années, Victor devint le plus gros fermier de Froberville.

Dès que Marcel fut en âge, on le conduisit à l’école. Ses camarades, qui savaient vaguement le mystère de sa naissance, le traitèrent avec une nuance de considération, comme s’il eût été d’une race différente de la leur.