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le fils aux duramé

tèrent M. Loisel. Le notaire fut d’avis de l’envoyer au collège. Il ajouta :

— C’était le vœu de son père : « Si mon fils montre des dispositions, poussez-le vers une carrière libérale, » m’a-t-il dit.

Victor insinua :

— Ous qu’il est son pè ?

Le notaire répondit sèchement :

— Inutile d’en parler, son fils ne le connaîtra jamais.

On choisit le lycée du Havre. Des années passèrent. Excité par l’amour-propre, souvent blessé par ses camarades qui se moquaient de ses expressions de campagnard, Marcel travailla, fit des progrès sérieux et continus. D’une intelligence lourde, mais tenace, il remportait plusieurs accessits chaque année.

Ces succès accrurent l’ambition des Duramé. Les deux mots de Me Loisel « carrière libérale » les avaient éblouis. Ils choisirent le barreau.

— Hein, se répétaient-ils, not’fieu avocat, not’ fieu plaidant pour nous si j’avons un procès !

Marcel obtint son diplôme de bachelier, puis revint à Froberville en attendant l’époque de son volontariat.