Page:Leblanc - Des couples, 1890.djvu/286

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ROMÉO ET JULIETTE



— Vous en prison !

— Parfaitement, j’ai fait six mois de prison, s’écria Mourval, un vieil acteur enroué, qui jouait les rôles de domestique au théâtre de notre petite ville de province.

Et il ajouta, comme s’il eût débité une tirade :

— Pensez-vous quelquefois aux sensations que doit éprouver un homme, sur la scène, quand il tient dans ses bras une créature jeune, fraîche, souvent à moitié nue ? Assurément l’habitude, l’idée qu’on nous observe, et surtout la préoccupation de bien jouer, nous rendent d’ordinaire impassibles, mais il est des jours où certains d’entre nous, des passionnés, des nerveux, frissonnent au contact de ce corps s’attachant à leur corps, à la vue de ces lèvres se