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la fortune de m. fouque

dissimule soigneusement quelque plaie infâme. Il eut l’intuition du ridicule auquel il s’exposait. Déjà sans doute on se moquait de sa résignation. Il observa ses collègues et crut distinguer sur certaines physionomies une expression de dédain. Cette remarque ralluma son courroux, et il jugea nécessaire de le manifester pour sauvegarder son amour-propre.

Il s’en prit au garçon qui ricanait ouvertement, l’injuria, le mit à la porte. Puis, la face rouge, congestionnée, il parcourut la pièce en s’attaquant à des ennemis imaginaires auxquels il montrait le poing. Et il vociférait : « Salops… canailles… femme parjure… »

On réussit à le calmer. Il s’abattit sur une chaise et, las, épuisé par son accès de rage, il obéit aux prières de ces messieurs.

Il n’avait plus de force, plus de pensée, et les paroles coulèrent de sa bouche, très doucement, très faiblement, comme une confession d’agonisant.

— Je ne pouvais supposer que ce fût vrai… il y a des choses si monstrueuses qu’on les rejette. Je suis parti, confiant, comme pour une promenade. Une fois hors la ville, au bas de la