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la fortune de m. fouque

lir la cabane, et puis quoi ! j’eus un éclair de lucidité, je me suis figuré la lutte qui s’ensuivrait, les deux corps roulant par terre, une bataille de gens du peuple, de voyous. Était-ce digne de moi ; de ma position, de mon âge ? Avais-je le droit de m’abaisser ainsi ? Non, c’est une réparation plus éclatante qu’il me faut.

— Alors ? demanda-t-on.

Il riposta :

— Alors, je m’en allai. Avouez, messieurs, que je n’avais rien de mieux à faire. Pouvais-je me colleter avec mon rival ? Est-ce ainsi qu’on punit un outrage ?

— Vous avez raison, prononça sentencieusement le notaire, et nous sommes à votre disposition…

M. Fouque ne releva pas cette offre. Son discours, terminé, il affectait un accablement sans bornes. Prostré sur une chaise, le buste replié sur son ventre, il gardait bien l’attitude d’un homme écrasé par un malheur au-dessus de ses forces.

De temps en temps, il soupirait : « Cocu… cocu » et il épiait ses collègues, prêt à éclater de nouveau au moindre signe de gaîté.