manière d’agir, à lui. Devait-il provoquer son rival, chasser Julie, ou leur pardonner ? Il ne pouvait s’imaginer cette opinion et il y réfléchissait longuement, bien que, l’eût-il connue, il n’eût certes pas changé de conduite.
À tout hasard, il s’ordonnait des colères factices qui éclataient mal à propos, après un accès de gaîté, se manifestaient par les mêmes gestes et les mêmes menaces, et s’apaisaient brusquement, sans gradations.
Sauf cette préoccupation qui l’élevait à ses yeux et lui donnait l’illusion de pensées profondes, il n’avait aucun souci.
Pour aller à son bureau, il flânait dans les rues, choisissait le chemin le plus long. Puis s’il rencontrait un ami, une connaissance, un de ceux avec qui ses relations se bornaient à un salut, il se plantait en face de lui, et, afin de l’amorcer, lui lançait gravement, les yeux dans les yeux :
— Regardez-moi bien, mon cher, vous me voyez, n’est-ce pas ? Eh bien, vous avez devant vous un cocu, un vulgaire cocu.
Et il débitait son histoire. À la longue, il la sut par cœur. Il la disait d’un trait comme une